Sylvain BISSONNIER

Parisien d'origine, après une adolescence à la James Dean, plusieurs métiers, ce fils d’artistes s'est établi à Die, petite ville du sud Vercors baignée par la douce lumière drômoise, vibrante d'ateliers d'artistes qu'il rencontre à l'ancienne "Griotte".

Car cette nature est présente au coeur même de sa technique et expression artistique, qu'il emploie du raisin ou de la rouille comme pigments, fasse vieillir le latex et transforme les matériaux bruts de ses créations.

Artiste pionnier initiant un exigeant éco-art "où la vie - nous confie-t-il - se  réapproprie la matière", la plupart de ses matériaux sont recyclés. Et c'est un choix, un manifeste même. Allant jusqu’à récupérer des yeux de poupées, il utilise peu les produits neufs des magasins de bricolage ou quincailliers qui ne disent rien du passé et donc rien de l’avenir.

Son oeuvre est d'autant plus vivante qu'il s’emploie à rendre "la matière autonome" et unique ; qu’elle participe au processus créatif à travers l’oxydation du fer, ou en utilisant du latex afin que l'oeuvre première et l'oeuvre finale soit toujours une oeuvre en marche. Une entropie naturelle entre dans sa création comme expérience positivée à travers le choix de ses matériaux.

En somme, son oeuvre picturale et sculpturale est empreinte d'une théâtralité aussi naturaliste qu'abstraite, tour à tour terriblement incarnée puis désincarnée (spirituelle) et fantastique.

D'abord marionnettiste puis comédien, la chair qu'il met en scène va au-delà de son propre contour. Comme un hors scène, une didascalie artistique, Sylvain Bissonnnier peint hors cadre. Coup de théâtre, coupes de falaises, la couleur, et parfois le noir débordent. Ses aquarelles, encres, acryliques et techniques mixtes excèdent l'expérience habituelle du corps en trahissant les contours de leur sujet.

S'il se libère dans son oeuvre graphique, il se définit cependant avant tout comme un sculpteur. Admirateur de Rodin et de sa force créatrice, sa mise à nu de la matière le rapproche néanmoins davantage de Giacometti. 

Influencé par le théâtre d'Antonin Artaud, son inspiration fantastique fait écho à William Blake. Les étranges créatures qu'il crée quand il est alors marionnettiste, "les dérobés", disent l'importance du regard. Un regard cyclopéen, "sans robe", sans sexe, qui se dérobe à tout ce que le spectateur est habitué à voir. Mais un regard ouvert sur l'inénarrable. Une fenêtre de l'âme. Une fenêtre sur nous-mêmes.

Plasticien d'une curiosité insatiable, il travaille incessamment sur de nouveaux supports, de nouvelles matières : fil d'acier, bois flotté ou vidéo. 

Voir sculpture "l'Écumeuse"

Voir sculpture "Philodoferus I"