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HARPIGNIES Henri Joseph (1819-1916)
Paysage dans l'aube naissante
Huile sur panneau de chêne signéeA vue : 19,5 x 12 cm - Avec le cadre : 30,5 x 23,5 cm
Deuxième moitié du XIXe
Descriptif
Dans les pas de Corot ou de John Constable, Harpignies s’attache à saisir la lumière, la fugacité de ses effets, sa magie la plus éphémère sans jamais se désintéresser des ombres qui la soulignent. En se recentrant sur un théâtre du retrait, il a bâti son œuvre sur un constat simple : la lumière qui progresse ne vaut rien sans la nuit qui la cerne.
Cette ravissante huile sur panneau est en cela très représentative de l'oeuvre de Henri Joseph HARPIGNIES ; et bien que la signature de l'artiste, en bas à droite, soit difficile à déchiffrer, elle reste identifiable. Il s'agit indubitablement d'une oeuvre de sa main.
La physionomie tremblée des arbres, motif prépondérant dans son œuvre, les ombres portées apaisantes, le feuillage comme encré bien qu’Harpignies se soit astreint à l’huile et n’ait pas fait usage de l’encre de chine ou du fusain.
La lumière de l’aube suggérée par larges touches obliques appuyées. Le chatoiement de sa réfraction plus complexe dans l’écrin végétal, mélange chatoyant de jaune, de rouille et de rouge, ou plus sourd, de bleu et de vert sombre.
L’enclos de l’ombre qui recule à mesure que le jour se lève.
Et ces deux arbres, puissants sans cesser d’être élégants, gardiens du rêve. Le rêve, c’est le lac. Destination possible d’un couple d’amoureux qui ne sera pas représenté. La nature a toujours le premier rôle. Un rêve onirique d’une balade au point de l’aube qui se déroule gracieusement. Une balade aussi paisible qu’immortelle avec ce petit lac pour séjour. Et au fond, les personnages ne sont-ils pas absents pour que le spectateur s’y promène plus à son aise ?
Le pinceau annonce l’impressionnisme sans cesser d’être symboliste.
De dimension modeste, et ce faisant exigeant une maîtrise accrue, cette huile sur panneau précise et attachante renferme toutes les facettes de Henri Harpignies ; les clairs-obscurs chers à l'artiste, la nature comme vecteur onirique, la composition, particulièrement équilibrée ici.
Une oeuvre intime et poétique. Très bel état. Huile rehaussée d’un cadre d'époque Barbizon fragile, et cependant à même de rejoindre les plus belles collections.
Photo © Pierre Mendelssohn
Biographie
Henri Joseph HARPIGNIES (1819-1916)
Anatole France ne s’y trompait pas en qualifiant Henri Joseph HARPIGNIES de « Michel-Ange des arbres et des campagnes paisibles ».
Harpignies est sans doute l’un des plus grands noms de la peinture paysagiste française qui s’est imposée dans la deuxième moitié du XIXe ; siècle qui marque l’avènement du génie de Corot, des brillants Théodore Rousseau et pré-impressionniste Narcisse Diaz De la Peña.
Une figure majeure du « paysage sensible » qui renoue avec le motif central du paysage prépondérant dans l’art est-oriental, chinois notamment.
Si sa vocation fut précoce, elle fut d’abord contrariée. Jusqu’à l’âge de vingt-sept ans Harpignies dut faire ses preuves dans l’entreprise familiale.
Né à Valenciennes, Henri Harpignies grandit au sein d’une famille aisée de sucriers et de betteraviers belges.
Ce voyageur de commerce ne se destine définitivement à la peinture qu’en 1846, date à laquelle il devient l’élève du paysagiste dauphinois, Jean Achard.
Aux côtés de Jean Achard, il traverse les Flandres afin d’étudier la peinture flamande du XVIIe siècle.
Insatiable, à peine rentré en France, il repart visiter l’Italie.
C’est à cette époque qu’il fréquente les artistes de la Villa Médicis à Rome et qu’il s’initie à l’aquarelle. Très vite, il se passionne pour le travail de Corot.
De retour à Paris en 1853, il rencontre Gérôme et Corot et expose pour la première fois au Salon.
Jusqu’en 1856, il expérimente les sujets et les techniques de ses pairs et amis de l’Ecole de Barbizon, (Troyon et Rousseau), avant de se consacrer au paysage.
Il ne cessera de voyager, alternant ses séjours entre Saint-Privé, dans l’Yonne, et Hérisson, dans l’Allier avant de s’éteindre à presque cent ans.
Si sa cote n’égale pas celle, faramineuse d’un Corot, ses œuvres sont toujours très recherchées et appréciées.
Cote moyenne AKOUN 2009 : 24 000 euros