Aura

Aura, c’est l’art aurifère du mystère. En surimpression la gueule d’une panthère, apaisée, patiente, qui se devine au milieu d’un faisceau de couleurs entre volutes et feuillages. Figure si présente picturalement autant que symboliquement ; elle symbolise deux radicalités disparates, la luxure dans le bestiaire médiéval comme l’anti-colonialisme afro-américain au XXes. Traversée de motifs, la panthère n’est pourtant qu’une trace, une griffe vouée à disparaître dans le flux coloré de l’Univers où s’abîme toute chose. Une illusion d’optique avant le trou noir voulu par l’artiste. Mais c’est encore un leurre esthétique. Hors cadre, le motif animal ne disparaîtra pas. Le végétal résiste. Théâtre in natura, la vérité chez Arcimboldo ne s’établit pas non plus entre l’homme et les légumes qui facétieusement le composent, pas en faveur d’un genre (le portrait) contre un autre (la nature morte). Bien nommé, il aura la résilience de ce qui, opiniâtre, se fiche dans la rétine jusqu’à l’âme. Une nature bien vivante.