La main d’Onan

Statue imposante, virevoltante, exposée au Grand Palais, réhabilitant le mal aimé Onan, dont dérive, suite à une interprétation excessive, voire tronquée, de la Genèse, le substantif « onanisme ». La main, si elle symbolise la faute supposée d’Onan, second fils de Juda et frère d’Er, prolonge l’artiste comme l’artisan.

Personnage biblique, diversement interprété par les exégètes juifs et chrétiens, qui refusa d’épouser, à la mort de son frère, son épouse, comme l’y obligeait la coutume et loi divine, préférant « laisser sa semence se perdre dans la terre ». Pour avoir enfreint cette loi, il fut frappé de mort par le dieu hébraïque.

Apologie hérétique de la luxure détachée de la procréation, personnage « hédoniste », ou insurrection contre le Lévirat (que Judas fut le premier à suivre) contraignant une veuve à épouser le frère de son époux défunt ?

Plaisir, faute ou courage ?

Bruno Di Martino, en érigeant cette statue en bronze à la gloire d’Onan, condamne les censeurs prudes, et choisit de voir dans Onan – interprétation promothéenne -  l’incarnation de la révolte, celle d’un homme contre la loi divine, et surtout contre les édits claniques produits par les hommes.

Chaque doigt d’Onan indexe un axe de détractation (lutte contre la guerre, chars au verso de l’index), comme de préservation : doigt de l’amour (doigt de femme au verso du pouce), de la paix, de la création, de la justice. Onan montre et désigne le chemin du libre-arbitre.

Le bronze sera réalisé à la commande par l’artiste à partir du moule original en plâtre et résine figurant en photos.