Portrait d’un aristocrate européen

Important pastel attribué à un cercle d’Elisabeth Vigée Lebrun, la portraitiste officielle de Marie-Antoinette, la plus célèbre et brillante portraitiste du XVIIIe siècle en France – voire en Europe.

 Vigée Lebrun réalisa les portraits intimes ou grandioses des personnalités les plus éminentes du XVIIIe siècle en France comme dans les cours d’Europe, jusqu’au début du XIXe siècle.

 A la fin de l’Ancien Régime, l’artiste trouve refuge auprès des cours européennes, italiennes et russes ; son émigration durera de 1789 à 1802 où elle vit et maintient grand train à la force de son pinceau subjuguant les Académies de peintures de Rome, Bologne, Parme, Florence et Saint Pétersbourg.

 Elle regagne enfin Paris le 18 janvier 1802, retrouvant ses amis Hubert Robert et Greuze et rejoint le cercle de Joséphine Bonaparte.

 Elle se met au service de l’Empire tout comme de l’aristocratie européenne, effectuant des voyages en Angleterre jusqu’en 1805, date de son retour (presque) définitif en France.

 En 1807, elle repart en Suisse pour s’éloigner de l’Empire, où elle rencontre Mme de Staël. Elle reviendra en France deux ans plus tard et s’installe à Louveciennes, vivant le reste de l’année dans son domicile parisien.

 La finesse incomparable de sa touche, la sensibilité de ses coloris, l’originalité de ses mises en scène ont été pleinement reconnus lors de l’exposition monographique que le Grand Palais lui consacre en 2015.

 Fille du pastelliste Louis Vigée (qu’elle dépasse très vite), on lui doit également des pastels très délicats et enlevés.

 Elisabeth Vigée Lebrun est définitivement un peintre majeur, une portraitiste de génie captivante à la personnalité forte, intime de tous les cercles du pouvoir européen, excellant également dans la technique du pastel, dont l’auteur de notre portrait est proche ; finesse et douceur du pastel, l’éclat du regard, mais aussi le port et le nœud si particulier de cette cravate en soie ne sont pas sans évoquer le portrait (huile sur toile) par Vigée Lebrun du Prince Ivan Baryatinsky, également sans perruque, les cheveux au naturel, dans une redingote sombre, probablement en velours, réalisé entre 1802 et 1805.

 Le sujet de notre portrait semble être un noble russe ou anglais, notabilité de la fin du XVIIIe ou du Ier Empire.

 Sur un fond vert-de-gris se déploie la perfection de son teint, la qualité de son expression, son port altier, la noblesse de son regard, la finesse de ses traits, de la chevelure, trahissent un pastelliste émérite contemporain de Vigée Lebrun, peut-être un élève.

 Parfaitement encadré dans un cadre du temps, ce très bon portrait provient en outre d’une collection privée prestigieuse.