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La galerie d'art
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DORA MAAR (1907 Paris-1997 Paris)

S.T. (sans titre) / terre de sienne, terre de ciel

Technique mixte (huile sur papier), monogramme de Dora Maar et cachet de vente de la succession de l'artiste
Dimensions à vue : 26 cm x 20 cm – Encadrée : 39,2cm x 33,5cm
Provenance : succession de l'artiste puis collection privée - Cachet de la vente de la succession en 1998 en haut à gauche (suivant le sens de l’encadrement actuel). Monogramme de Dora Maar au dos de l’œuvre visible grâce au verso vitré de l’encadrement.
VENDU

Descriptif

Photographe, artiste surréaliste cotée, puis peintre audacieuse en quête d’abstraction affranchie de tout mouvement, trop longtemps le nom de Dora Maar fut associé à Picasso. Son œuvre fut d’abord jugée et jaugée dans la servitude de l’ogre Picasso, démiurge phallocrate lui laissant le rôle dévalorisant de la muse et de l’amante, jusqu’à éclipser son propre génie, sa matrice artistique singulière, pleine et entière, originale, plurielle et puissante ; et alors qu’engagée dans la lutte antifasciste dès les années 30, Guernica n’aurait pas vu le jour sans elle.
 
Née à Paris d’un architecte croate et d’une mère française native de Cognac, Dora Maar vécut sa jeunesse à Buenos Aires dans la couleur, la lumière d’un pays exotique, et la sonorité d’une autre langue que la sienne, avant de revenir en France et à Paris en 1926.
 
La jeune artiste commença par se faire un nom dans la photographie de mode pour Chanel, Lanvin, Jean Patou, avant de s’extraire de cette pratique commerciale hautement esthétique mais élitiste pour privilégier une photo d’art pure, expérimentale, socialement engagée - elle photographie les travailleurs de l’ombre, les bidonvilles - puis surréaliste, cherchant comme Eugène Atget à faire émerger l’étrangeté du quotidien, sa dimension fantastique ; avant, dans les années 35-38, de s’intéresser au photomontage, de développer une approche surréaliste, et d’exposer avec Man Ray et Hans Bellmer.
 
Appartenant à l’avant-garde artistique avant de rencontrer Picasso en 1936, partageant le même atelier que Brassaï, fréquentant en 1934 Georges Bataille qui sera son amant, et les mêmes cercles que Cartier-Bresson, Breton et Éluard, Henriette Theodora Markovitch, de son nom d’artiste Dora Maar, n’a pas seulement photographié le processus de création de Guernica en 1937, contribuant à valoriser l’œuvre titanesque et politique en tant que performance ; les idéaux antifascistes de Dora Maar, voire même son sens constant de l’expérimentation esthétique, sont à l’origine de ce spectaculaire manifeste, gigantesque dénonciation en monochrome des horreurs de la guerre et de l’abîme du Franquisme.
 
Dora Maar s’affirmait déjà en tant qu’artiste avant de rencontrer Picasso.
Artiste de très grand talent qui initia aussi – et non surtout - le plus grand chef-d’œuvre du maître du Cubisme, bien davantage qu’elle ne se résume aux contours de « La femme qui pleure », œuvre, qui, en la réifiant, en la réduisant à un statut de femme et amante, de modèle plutôt qu’artiste sous le pinceau peu partageur de Picasso, nie son pouvoir créateur dont l’affirmation n’a pourtant pas cessé d’exister en 1936.
 
Ces huit ans de relation entre Dora Maar et Picasso doivent donc être reconsidérées sous l’angle plus juste de la prophylaxie artistique, d’une relation égalitaire (si on la déconstruit et qu’on ne la considère pas avec le sexisme du temps qui a longtemps occulté Dora Maar car femme), et non sous l’angle du seul génie individualiste de Picasso utilisant et vampirisant une Dora Maar infériorisée, jouet du maître.
 
Depuis quelques années, Dora Maar fait fort heureusement l’objet d’une véritable réhabilitation institutionnelle.
 
En 2019, le Centre Pompidou organisa la plus grande rétrospective consacrée à Dora Maar, en partenariat avec le Getty Museum et la Tate Modern.
 
Rétrospective qui compta plus de 500 œuvres et documents mais valorisant plus particulièrement son talent de photographe.
 
La reconnaissance de son cheminement vers l’abstraction est encore récente, bien qu’elle ait consacré quarante ans de sa vie à la peinture – et bénéficié d’expositions dédié à ce médium dans les années 40-50 – et consacré seulement dix ans à la photographie qui aura fait sa notoriété.
 
La Galerie We Art Together avait déjà pu proposer à la vente, avant l’exposition du Centre Pompidou, un lavis d’encre à la césure de l’abstraction, prenant sa source dans une égyptologie réinventée. https://www.we-art-together.fr/produit.php?id=4
 
Dora Maar, inventive exploratrice de l’art, qui, à partir de l’après-guerre, tout comme ses amies Léonor Fini, Germaine Richier et Maria-Elena Vieira et Léonor Fini, ira conquérir le champ infini de la peinture abstraite.
 
Aussi privilégiera-t-elle de plus en plus la peinture sur la photographie, et plus particulièrement la peinture abstraite, qu’elle crée dans Le Lubéron à Ménerbes, où vit également son ami Nicolas De Staël, ou dans ses ateliers à Paris.
 
Le fonds de son atelier sera dispersé en 1998, la technique mixte que nous proposons en provient et porte le cachet de cette vente, ainsi que le monogramme de Dora Maar au dos.
 
Une oeuvre non intitulée par l’artiste, huile sur papier aux accents de terre de Sienne tendue vers le ciel, qui n’est pas sans évoquer l’Abstraction Lyrique dans laquelle s’inscrivit un Gérard Schneider avec toutefois la volonté d’une plus grande épure chromatique, se concentrant sur une seule couleur, la calligraphie et l’effet de matière.
 

Une terre de sienne - terre de ciel, comme un signe, un écho circulaire, une vibration, un élan, une prière, un passage subrepticement révélé entre le ciel et la terre, pour Dora Maar qui croyait aux vertus de la méditation, et probablement au pouvoir d’exaucement de la prière puisqu’elle avait la foi, et sut insuffler dans son œuvre peint une dimension spirituelle qui sous-tend l’ensemble de sa recherche artistique.