Two studies of armures "à l'antique"

La première de ces deux études de la main d’une figure majeure du Baroque italien, Giovanni Benedetto Castiglione, offre au regard une armure de trois quarts. Tandis que la dernière faisant pendant présente le même sujet de face, drapé à l’antique.

Il s’agit probablement de dessins préparatoires à un projet plus vaste. Précision de la coupe, esthétisme de l’objet martial qui semble s’animer grâce à l’effet du drapé.

Le sérieux objectal du sujet (une nature morte en somme, il s’agit de peindre une armure) est transcendé avec la virtuosité facétieuse d’un grand maître du baroque tenté par le maniérisme.

Belle finesse dans le traitement du motif et bestiaire armoiriés. Castiglione, dont on connaît le goût pour la figure animalière, s’est attaché à rendre toute l’expressivité des animaux destinés à faire reconnaître et plus symboliquement à infuser leur force au porteur de l’armure, qu’ils soient mythologiques (griffon) ou existants (bélier, lion ?...).

Ces deux dessins sont remarquablement encadrés (sous verre) : marie-louise bleu ciel, cadre doré patiné. Non signés, l’attribution est cependant indubitable. Attribution confirmée par l’expertise et la provenance extrêmement fiable de ces deux œuvres.

Ces deux études proviennent en effet de la collection de Maurice Aicardi.*, personnage du monde artistique et politique qui présida la Commission des dations et siégea à la Commission de Trésors Nationaux, au Conseil Artistique des Musées, à la Commission des Acquisitions de Versailles. Provenance antérieure notifiée au dos en 1979 : « probablement Don Gaspar Mendez y Guzman, Marchese del Carpio e Helice. » Des indications sur son corpus sont également apportées : « de la même main qu’un ensemble de dessins de monuments romains attribués à Castiglione, provenant d’un album de la collection Carpio… »

Une provenance fiable et prestigieuse : La collection Maurice Aicardi

* « Né à Aix-en-Provence en 1919, juriste de formation, d’une grande culture classique, et d’une étonnante érudition historique, Maurice Aicardi, doté d’une vive intelligence, allait à l’essentiel, des articles de loi, comme à l’essence des objets.

De sa carrière de haut fonctionnaire qu’il exerça dans des domaines très divers, retenons qu’il fût le directeur de cabinet de Félix Gaillard aux Finances puis à Matignon. D’importantes missions d’études de la fiscalité du patrimoine lui furent également confiées par le Président Giscard d’Estaing et le Premier Ministre, Edouard Balladur.

Mais ce dont il retirait la plus grande fierté était d’avoir présidé, lors de sa création, la Commission des Dations, qu’une loi votée pendant le gouvernement de Georges Pompidou avait instituée. Cette présidence, tôt écourtée par les vicissitudes de l’histoire, ce dont il ne laissa point paraître d’amertume, lui permit d’initier un vaste mouvement d’enrichissement du Patrimoine National : meubles et objets d’origine royale, documents historiques, et jusqu’à la dation Picasso.

Quels que fussent ses goûts personnels - le siècle de Louis XV avait sa préférence, et sa profonde connaissance de Versailles suscitait l’étonnement - il avait l’ambition de conserver dans les Collections Nationales tout ce qui témoignait de la France et lui paraîssait exprimer notre génie national qu’il définissait par la sobriété, la clarté, l’équilibre, dans tous les domaines de l’expression culturelle. Jusqu’à son dernier jour, Maurice Aicardi siègea à la Commission de Trésors Nationaux, au Conseil Artistique des Musées, à la Commission des Acquisitions de Versailles.

Chaque année, Maurice partait pour l’Italie, avec une étape rituelle aux Baux-de-Provence. » Source Bibliorare / vente Drouot.

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