Détail | ||
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BISSONNIER Sylvain
Little Bird
Large acrylic on paperboardUnframed
42,9 inches x 32,3 inches (109 cm x 82 cm)
Descriptif
English translation upon request. Feel free to contact us.
Résolument expressionniste. Puissant et souple, ironique et lyrique, macabre et tendre. Un paradoxe.
L’indifférence, ici, n’est pas de rigueur. Plastiquement très aboutie, le sujet au premier abord dérange ; comme pour s’ériger contre un systémisme esthétique, joli, lisse, insipide. Pourquoi l’Art devrait-il être plaisant, décoratif ? Bacon, Soutine, Lucian Freud, pour ne citer qu’eux, ont tous travaillé en contre-chant. Sylvain Bissonnier dont l’œuvre est une réflexion sans concession sur le corps et l’étiolement de la matière confie avoir créé une œuvre d’ « expiation », influencée par Egon Schiele, et rythmée par la musique de Mahler.
Contre toute attente, la première lecture noire et oppressante de cette très grande acrylique (plus d’un mètre de hauteur) laisse place à une vision optimiste. Le corps n’est pas donné en souffrance, un élan le dirige dans cet ultime assaut de la vie contre la mort. Le spectacle de son expiration n’est pas consumation morbide et janséniste du Christ-en-croix, témoin de la culpabilité des hommes ; tandis que les mains se replient et se cassent en un dernier soubresaut de l’ego, le visage au sexe indéterminé se tourne vers le ciel et une renaissance autre. L’esprit, peut-être demeurera. Le corps, éphémère, retournera, lui, à la Terre, à la Terre-mère. C’est le spectacle de la Nature, prenant et recyclant sans relâche, que nous livre cette œuvre, stricto sensu. Sans jugement. Sans complaisance. Sans sadisme.
Le « petit oiseau », colibri-âme emblème d’une Nature belle et résiliente, incarne cette communion dernière d’un être rejoignant le Tout. Un symbole coloré qui n’est pas dénué de pastiche voire de satire ; ce colibri, c’est nous. Notre regard sur l’Art et la vie, refusant sa dimension la plus crue qui ne veut pas dire cruelle.
La question de sa réception est figurée en marge de l’œuvre, programmée par le titre, autant qu’à l’origine d’un diptyque assumé. Une spectatrice demanda à l’artiste pourquoi il ne peignait pas de « belles choses ». Sylvain Bissonnier voulut alors lui offrir « un petit oiseau » (oeuvre présentée ici) et « un petit poisson » suivant la chanson célèbre de Juliette Gréco. Un clin d’œil facétieux qui tisse dans l’œuvre un métatexte plus lumineux que cynique.