Physionotrace dessiné et gravé sous la Révolution ou un an avant celle-ci (1788-89) ; et provenant de la prestigieuse collection du Comte Sforza (1872-1952), Comte de Castel San Giovanni, personnalité aristocratique issue de la dynastie des Sforza de Milan, grand diplomate et homme politique italien qui marqua l'Histoire par son engagement anti-fasciste.
Semblablement au
physionotrace de Delambre (voir notice de ce physionotrace également disponible dans notre galerie), Il s'agit probablement de l'une des dernières collaborations entre Quenedey et Chrétien qui inventa le physionotrace. C'est aussi l'une des premières occurrences de physionotrace en couleurs (physionotrace aquarellé). On sait que Quenedey développera ce procédé sous la Restauration en s'inspirant de Janinet.
Les traits du sujet ne sont pas sans évoquer Jean-Jacques Rousseau lorsqu'il avait 41 ans (confère le portrait de Quentin de la Tour, en 1753). Il ne peut cependant s'agir de Rousseau, ce dernier (dont on a par ailleurs répertorié un portrait dessiné par Quenedey), décédé en 1778, ne put connaître le physionotrace et il ne s'agit pas d'une représentation postérieure établie d'après un buste mortuaire comme ce fut le cas pour le physionotrace en couleurs de Murat.
Le travail à l'aquarelle est ici concentré sur la chevelure (d'un blond vénitien) ; l'aquarelle a ensuite souligné délicatement les lèvres du sujet, ainsi que, semble-t-il, son iris.
Une mise en couleurs d'une grande finesse qui saisit la rêverie de ce personnage.
Ce physionotrace n'a pas été décadré mais il semble ne comporter aucune mention (tirage avant lettre).
Un agréable cadre d'époque en bois naturel (probablement en ronce de noyer) parachève cet ensemble.
En savoir plus sur le procédé du physionotrace :
Inventé par Gilles-Louis Chrétien en 1784, puis perfectionné par Quenedey dès 1788, le principe du physionotrace était simple. Il consistait à projeter l’ombre du profil à dessiner grandeur réelle sur un papier transparent pour ensuite le décalquer fidèlement. Le portrait s’approchait ainsi au plus près de la réalité. Il permettait de fixer la physionomie d’un sujet (d’où le nom de physionotrace, étymologiquement : tracé de la physionomie).
Par le biais d’un procédé proche du pantographe, le portrait était ensuite réduit pour être gravé sur une plaque de cuivre à l’eau-forte dans un format miniature.
Ce portrait pouvait ainsi être tiré en plusieurs exemplaires (douze et parfois plus) pour une somme raisonnable.
Les physionotraces rencontrèrent un très grand succès sous l’Ancien régime, et au-delà. Ils portaient les noms du dessinateur et du graveur, ainsi que leur adresse.
La Révolution française entraîna un exode de la noblesse en direction de l’Europe puis des Etats-Unis. Certains personnages purent ainsi gagner les Etats-Unis munis de leurs biens parmi lesquels pouvaient figurer des physionotraces.