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CHRÉTIEN Gilles-Louis (1745 - 1811) / Fouquet
Portrait au physionotrace de Mme Félicité Dupont, épouse du député Jacques-Pierre Brissot de Warville XVIIIe (période Monarchie constitutionnelle / Convention Nationale : Ière République) dessiné par Fouquet & gravé par Chrétien, Passage Honoré à Paris
Rare physionotrace dessiné par Fouquet et gravé au lavis sur du fer blanc par Chrétien circa 1792Encadré 20,4 cm x 13,5 cm - portrait en médaillon seul 5,5cm de diamètre
Ancienne collection du Comte Sforza
Joli cadre doré moderne - Très bel état
VENDU
Descriptif
Rare physionotrace de la fin du XVIIIes, circa 1792, dessiné par Fouquet et gravé par Chrétien entre la chute de la Monarchie constitutionnelle et l'avènement de la Convention Nationale (Ière République), représentant l'épouse d'une personnalité politique et intellectuelle de la Révolution française le Député Jacques-Pierre Brissot, dit Brissot de Warville (physionotrace représentant l'époux également disponible dans notre galerie).
Ce physionotrace provient de la prestigieuse collection du Comte Sforza (1872-1952), comte de Castel San Giovanni, personnalité aristocratique issue de la dynastie des Sforza de Milan, grand diplomate et homme politique italien qui marqua l'Histoire en combattant le fascisme.
Dans un très bel état de conservation (plissures marginales mais belle fraîcheur de l'encrage et du papier), ce physionotrace est le fruit de la collaboration de Chrétien, inventeur du procédé du physionotrace avec le dessinateur Fouquet auquel Chrétien s'associe en 1789 ; une collaboration qui donna lieu à des centaines de dessins et qui cessa en 1798.
La finesse du trait, tant de Fouquet que de Chrétien, rend parfaitement hommage à la beauté du sujet portraituré, l'épouse du Député Brissot qui fut également sa traductrice et celle d'écrivains anglais tels que Oliver Goldsmith et Robert Dodsley.
Les boucles de la chevelure de Félicité Dupont sont particulièrement travaillées, son élégance naturelle ressort magistralement du document historique de premier plan que constitue ce physionotrace.
Car c'est l'aube d'une tragédie qui se joue ici. Derrière ce portrait d'une extraordinaire qualité, derrière ce bonheur conjugal que rien ne venait encore assombrir, se livrerait un an plus tard le délitement d'un destin, celui de Jacques-Pierre Brissot, orateur et écrivain influent de la Révolution, chef de file des Girondins, (dont 21 députés furent condamnés à mort après un simulacre de procès ), guillotiné le 31 octobre 1793 à l'âge de 39 ans. Son corps repose aujourd'hui dans les Catacombes.
Jacques-Pierre Brissot, homme humble et intègre au point d'être qualifié de "quaker", Rousseauiste qui défendit l'égalité des races, mais également homme brillant et influent, laissait son épouse, intellectuelle elle aussi, et leurs trois enfants dans la misère avec pour seul héritage des Mémoires qu'ils ne purent imprimer.
Cette femme intelligente, si épanouie et sereine dans ce portrait, épouse d'un républicain convaincu, attaché à déclarer la guerre aux monarchies européennes,
ne savait pas encore que Robespierre obtiendrait la tête de celui qui avait eu le courage de défendre celle du roi.
Il n'empêche ; la félicité de Félicité, par la grâce de ses traits et d'un procédé doublement révolutionnaire, le physionotrace, demeurerait irrepressiblement immortelle.
A lire sur le blog de We Art Together : une histoire du physionotrace : la collection du Comte Sforza.
A lire sur le blog de We Art Together : une histoire du physionotrace : la collection du Comte Sforza.
Biographie
A lire sur le blog de We Art Together : une histoire du physionotrace : la collection du Comte Sforza.
Inventé par Gilles-Louis Chrétien en 1784 (l'invention est parfois datée entre 1785 et 1786), qui cessa sa production en 1798, le principe du physionotrace était simple. Il consistait à projeter l’ombre du profil à dessiner grandeur réelle sur un papier transparent pour ensuite le décalquer fidèlement. Le portrait s’approchait ainsi au plus près de la réalité. Il permettait de fixer la physionomie d’un sujet (d’où le nom de physionotrace, étymologiquement : tracé de la physionomie).
Inventé par Gilles-Louis Chrétien en 1784 (l'invention est parfois datée entre 1785 et 1786), qui cessa sa production en 1798, le principe du physionotrace était simple. Il consistait à projeter l’ombre du profil à dessiner grandeur réelle sur un papier transparent pour ensuite le décalquer fidèlement. Le portrait s’approchait ainsi au plus près de la réalité. Il permettait de fixer la physionomie d’un sujet (d’où le nom de physionotrace, étymologiquement : tracé de la physionomie).
Par le biais d’un procédé proche du pantographe, le portrait était ensuite réduit pour être gravé sur une plaque de cuivre à l’eau-forte dans un format miniature.
Ce portrait pouvait ainsi être tiré en plusieurs exemplaires (12 et parfois plus) pour une somme raisonnable.
Les physionotraces rencontrèrent un très grand succès sous l’Ancien régime, et même au-delà. Ils portaient les noms du dessinateur et du graveur, ainsi que leur adresse.
Ces portraits constituent des documents historiques. Le cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale de France en conserve près de trois mille (2800).
Famille royale, hommes politiques, affairistes, marchands, comédiens, toute la France qui « comptait » alors fut immortalisée par ce procédé.
Un objet d’art et de collection, donc, à forte dimension historique.
BIOGRAPHIE
Gilles-Louis Chrétien (1745-1811), peintre minaturiste et graveur, par ailleurs violoncelliste à la Cour de Versailles, fut l’inventeur du physionotrace, une technique qui précéda l’invention de la photographie.
Né à Versailles le 5 février 1754, il excelle dans de nombreux arts : musique et arts graphiques (peinture, dessin, gravure).
Attaché au portrait et à l’art de la miniature, il invente la technique du physionotrace pour mieux conjoindre ses habiletés. De 1793 à 1799, il exposa à Paris au Salon les portraits résultant de son invention.
L'artiste et inventeur résida à plusieurs adresses* dans le quartier St Honoré à Paris et finira par s’établir au Palais Royal. Associé pendant plusieurs années à Edmé Quedeney, c’est Bouchardy qui prendra sa succession dès 1808.
Gilles-Louis Chrétien décèdera à Paris en 1811.
*Adresses connues de Gilles-Louis Chrétien dans le quartier St Honoré :
- Cloître St Honoré
- "Passage Honoré" (pour Passage Saint-Honoré)
- Cour St Honoré maison du libraire Gouzi (1796)
- Rue St Honoré vis à vis de l’Oratoire, n° 45.