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Henri Félix Emmanuel PHILIPPOTEAUX (1815 – 1884)
Military parade and Battle scene under French Empire
Two drawings at pencil -and with brown ink for the second one - with white gouache in a same frameFramed 39,5 cm x 49 cm / 1st drawing (size of the view) 22,1 cm x 9,9 cm / 2nd drawing (view) : 14,3 cm x 10,4 cm
Golden wooden frame and blue passepartout
Descriptif
Deux dessins dans un même montage réalisés par Henri Félix Emmanuel Philippoteaux, figure importante de la peinture d’Histoire française.
Peintre d’Histoire particulièrement fameux pour ses scènes de bataille spectaculaires et rétrospectives issues de la geste napoléonienne, parmi lesquelles : le portrait de « Napoléon Bonaparte à la bataille de Rivoli », 1845, dans les collections du Musée du Château de Versailles ; « Les cuirassiers français chargent les carrés anglais » au Victoria and Albert Museum à Londres ; « Arrivée des cendres de Napoléon à Courbevoie » dans les collections du Château de Malmaison.
Philippoteaux a cependant représenté une grande diversité de sujets historiques appartenant à la mémoire française dont la guerre franco-prussienne de 1870 qui signera, avec la défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III, la chute du Second Empire mais aussi des scènes issues de La Révolution française (« Le dernier banquet des girondins » figurant dans les collections du musée de Vizille fut peint en 1850).
Ces deux dessins pourraient s’inscrire dans la transcription fougueuse de l’histoire militaire du Ier Empire – ou encore celle du Consulat, avec en 1797 la bataille de Rivoli, l’un des chefs-d’œuvre de Philippoteaux - par l’artiste qui, né en 1815, œuvre à tisser, non une peinture testimoniale apanage de ses contemporains, mais bien la légende artistique de l’empereur qui n’aura de cesse de prendre de l’ampleur de Louis-Philippe à Napoléon III, se prolongeant encore sous la IIIe République pour faire oublier l’affront de Sedan.
Le premier dessin représentant un défilé de cavaliers en bicorne, voire tricorne, acclamé par une foule urbaine semble relever d’une période située avant 1806 (s’il s’agit bien de bicornes), voire antérieure à la Révolution s’il s’agit de tricorne ; le dernier dessin, figurant une scène de bataille se rattachant à la période Empire – si l’on se fie aux uniformes et au schako des cavaliers.
Si le premier dessin s’attache à la qualité des figures, à la fluidité et vraisemblance de chaque posture dont l’exactitude est rendue d’autant plus complexe par la représentation d’une foule tout à la fois indivise et distincte.
Dans cet écrin architectural d’une ville, si ce n’est libérée très enthousiaste, Philippoteaux a l’extraordinaire acuité et faculté de parvenir à croquer la pyschologie de la Masse, en isolant et individuant les émois du Peuple, les émotions des militaires, l’élan lyrique et serein d’une foule saluant son armée.
Dans le dernier dessin, le sujet est autre et le lieu de la virtuosité se déplace conséquemment.
Les figures sont dépeintes en perspective, c’est-dire dans une focale plus lointaine, permettant d’inclure le décor naturel d’un paysage qui nous apparaît montagneux, et à défaut, montueux.
Le site même de la bataille, là –haut, où s’élève des volutes de fumée, est rejeté de manière originale à l’arrière-plan tandis qu’au premier plan c’est toute la logistique militaire, véritables coulisses des batailles avec moults convois, canons, charrois de vivres mais aussi ces blessés qu’il faut bien rapatrier. Et selon les besoins de la bataille et l’état des troupes, des cohortes d’homme s’acheminent continument du premier plan à l’arrière-plan.
Il est intéressant d’observer que Philippoteaux accentue la lecture du mouvement mais aussi la scansion de l’effort de ses personnages qui apparaissent au premier plan en les contourant à l’encre brune de traits précis apposés à la plume. Alors que l’arrière-plan où se joue la bataille est esquissé très subtilement à la mine de plomb. Son tumulte comme intensifié par cette ellipse artistique.
Cette inversion du sens commun de la représentation permet au spectateur de saisir ce qui ordinairement lui échappe. L’ingénierie humaine de la guerre avant la bataille.
Ce théâtre tout à la fois si bien réglé et indécis, désarmant dans son mouvement pendulaire, vie-mort, dans son élan incertain vers la victoire, l’élévation de toute une armée courageuse (et cette allégorie s’incarne jusqu’à la topographie) vers sa gloire.
Dessins à la mine de plomb très aboutis, donc, rehaussés à la gouache d’une finesse admirable, réalisés d’une main enlevée, ceux-ci regorgent de détails historiques et militaires.
Petits accidents au cadre qui ne nuisent pas à la qualité de l'ensemble.
Tout l’art d’un grand maître de la peinture d’Histoire est enclos dans ces deux admirables dessins aux propos complémentaires.