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François Auguste BONHEUR (1824-1884)
Brebis veillant sur ses agneaux
Huile sur panneau en acajou signée par l'artisteEncadrée : 33 X 39 cm - 18 X 24 (panneau seul)
Descriptif
Ravissante huile sur panneau en bois d’acajou biseauté, signée en bas à droite A. Bonheur (le A et le B sont enchevêtrés) saisissant sur le vif une brebis et ses deux agneaux jouant dans un pré.
Auguste Bonheur, frère de la célèbre Rosa Bonheur, s'est à son instar spécialisé dans le genre animalier. Son style raffiné, un peu précieux, évoque celui de peintres flamands de la même époque, tel que Verboeckhoven.
Remarquable de virtuosité, la précision empreinte de poésie avec laquelle est peinte la brebis et ses agneaux s'oppose à l'arrière-plan délibérement traité avec moins de recherche. La luminosité, la palette fraîche et la douceur du contexte prévalent sur la précision de l'arrière plan ; ce faisant, conformément aux codes du portrait (ici animalier), le sujet principal se détache d'autant mieux.
De dimensions modestes, cette huile sur panneau retranscrit la scène aussi bucolique qu'attachante d'une brebis veillant sur ses agneaux.
Quitte à forcer le trait romantique volontiers anthropomorphique, l'exercice du portrait resserré rend plus intense l'attitude vigilante et protectrice de cette mère. Le pelage laineux, habilement restitué, réfléchit la lumière ; on imagine le réconfort de la toison au plus froid de l'hiver, mieux nous en ressentons la chaleur et la douceur ; cette impression picturale n'éteint pas la force de l'attitude. Le regard de la brebis ne se détournera pas de qui la fixe avant d'être rassurée quant à ses intentions. Hors-champ métatextuel, le regard animal s'adresse directement au spectateur sondant sa capacité à s'immiscer dans cette fiction où s'entremêle Réalisme et Idéal.
La scène se déroule dans une campagne (bretonne) sise en bord de mer. Les nuages, éphémères sur la côte, plombent un ciel pur qui aurait nui à l'intensité de la scène en divertissant le regard par trop de clarté.
Rapport de condition : cette oeuvre exquise est dans un état parfait. Elle a été récemment nettoyée.
Un encadrement moderne en bois à patine noire et trame or la rehausse agréablement.
Une ancienne étiquette - contemporaine de l’artiste - collée au dos du panneau, porte la mention « N°11 – Sheeps by Bonheur », témoignant de l’exposition de cette œuvre dans un musée en Angleterre, probablement à la Royal Academy.
Les œuvres d'Auguste Bonheur sont rares et recherchées, sa cote en hausse régulière est particulièrement élevée : « La sortie du pâturage » s’est vendue 46 500 euros chez Christie’s, « Le combat, souvenir des Pyrénées » à 26 200 euros toujours chez Christie’s, « Cloud Study » à 15000 euros chez Sotheby’s à New York, « Landscape with Cattle » 10000 euros, encore chez Sotheby’s, etc.
Biographie
Né à Bordeaux en 1824, François Auguste BONHEUR s’éteint à Paris en 1884.
Les deux frère et sœur furent représentés par leur père dans le tableau : "Portrait de Rosa et d'Auguste Bonheur enfants."
François Auguste Bonheur exposa également à la Royal Academy à Londres entre 1857 et 1874.
Talentueux paysagiste mais surtout peintre animalier, ses paysages prêtent leurs décors naturels pour mieux camper l’animal in situ. Le chevalet de François Auguste Bonheur vagabonde au gré des pâtures animales ; en forêt de Fontainebleau, dans le bocage normand, les Pyrénées natales, « un Ruisseau en Auvergne », la campagne bretonne, sa mer et ses côtes, ou encore les « Bords du Rhin » ; quand il ne s’inspire pas de l’envoûtante lumière des lacs Écossais. Par goût propre ou filiation sororale (Rosa Bonheur triomphe à l’Exposition universelle de 1855), les bêtes rustiques sont au premier plan.
On lui doit également quelques paysages romantiques dénués de présence animale mais l’animal dans la globalité de son œuvre demeure indéniablement au centre de son étude.
Les titres de ses oeuvres parmi les plus encensées sont d’ailleurs éloquents : « Un abreuvoir en Bretagne », « Rencontre de deux troupeaux dans les Pyrénées », « le Dormoir ».
Quelle que soit la dimension de ses œuvres, la touche est précise, lumineuse. Bonheur sera décoré de la Croix de la Légion d'Honneur lors de l'exposition universelle en 1867 pour son tableau « les ruines du château d'Apchon ».
Sur ses huiles de grand format, l’espace s’agrandissant, le paysage gagne en netteté, en profondeur de champ ; les bêtes y sont également représentées en troupeau, embrassant ainsi une vision autant que réalité agricole.
« Le retour de la foire » qui appartient aux collections du Musée de Bordeaux est en cela emblématique.
Une bergère tient dans ses bras un agneau, et au loin, à peine perceptible, toutefois se devine un vacher. La bergère surveille son troupeau où se mêlent moutons et vaches, étant elle-même surveillée par une vache cornue. Indication patente sur le dessein du peintre. D’évidence c’est par le regard des bêtes qu’il nous faut voir et c’est sur elles que le regard s’attarde. Inversant les attentes, le regard spectatoral ne fait que se poser sur les invités que forment les hommes, le chemin qu’ils ont tracé et la terre qu’ils foulent. Par le biais du paysage, le macrocosme lui-même, dans cette huile de grand format, prête la majesté de ses attributs, (cimes pyrénéenes enneigées, caractère et forte sécularité des arbres), au profit exclusif du portrait animal.
Le chien, sans doute du point de vue du peintre trop attaché à la notion de domesticité, exagérément fidèle à l’homme au point d’avoir abdiqué son animalité, est également surveillé par l’une des vaches de tête.
Les moutons, eux, mènent bon train, indifférents à ce rapport de force inversé.