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Ecole hollandaise du XVIIe, entourage de Jan Van Goyen (1596-1656)
Scène de patinage, deux patineurs dans un paysage au moulin
Dessin à l’encre bruneDimensions encadrée : 29,5cm x 25,5cm / A vue : 21 x 17 cm / dessin seul : 16cm x 11,5cm
Agréable cadre en bois et stuc doré, petits accidents
VENDU
Descriptif
Dessin hollandais du XVIIe réalisé à l’encre brune représentant une scène de patinage particulièrement aboutie et vivante, s’inscrivant au sein d’un paysage aussi typique que finement traité.
Au premier plan, au sein d’une composition d’une fraîcheur saisissante, deux patineurs, sont placés au centre de cette représentation dont ils sont les principaux protagonistes malgré eux.
Placé hors scène derrière les deux personnages, l’artiste saisit l’instant et toute la saveur de ce ballet glacé.
Amis ou inconnus l’un de l’autre, figurés de dos l’expression de leur visage ne nous est pas montrée mais elle se lit dans leur attitude, mouvement, leur costume semblable, la foule au loin, le plaisir de ce divertissement est alors total, la nature leur appartient.
Le dos de l’un voûté, l’autre tenant une crosse, coiffés tous deux d’un chapeau de type tricorne et vêtus d’un manteau ressemblant à une redingote proche du modèle de veste porté dans son autoportrait par Adriaen Van Ostade en 1663 dans « l’artiste dans son atelier, les deux patineurs sont habilement croqués dans toute la complexité gracile de leur mouvement, semblant vouloir patiner dans deux directions opposées ; à gauche, vers un village comportant une église (peut-être adossée à un rocher), une population à peine esquissée, quelques maisons ; à droite quelques arbres et bâtisses encore, et surtout, un moulin.
Une école flamande du XVIIe, portant une ancienne attribution à Bruegel de Velours, exhibant un patineur au sol les patins en l’air, figure un modèle de patins similaire à celui porté par les patineurs de notre étude.
Quant au tricorne, bien qu’apparu en 1690 dans les unités de cavalerie, celui-ci était en usage bien avant auprès des mousquetaires européens qui relevaient les bords de leur chapeau avant que cela ne devienne officiellement une mode qui traversera le siècle suivant avant d’être remplacé par le bicorne.
Achevant de confirmer la datation que le sujet et la manière installaient, l’habit et chapeau des personnages, mousquetaires ou gentilhommes du temps, s’avèrent très semblables au dessin de Dirck Hals (1591-1656) daté de 1622-27 et figurant au Rijkmuseum.
La voussure du premier patineur n’est pas sans évoquer la dimension parodique de l’art hollandais, présente chez Adrien Van Ostade ou Jan Steen (beau-fils de Van Goyen), et remontant en vérité un siècle auparavant aux représentations empreintes d’un imaginaire encore médiéval (Brueghel l’ancien).
Cette scène de patinage de la main d’un artiste virtuose, possible émule de Van Goyen, comme le fut Isaac Van Ostade, jeune frère d’Adrien dont il fut l’élève, qui s’était spécialisé dans les scènes de patinage.
La carrière d’Isaac Van Ostade fut brève, achevée par sa mort en 1649 à seulement 28 ans ; Ses œuvres sont reconnues et figurent dans les collections du Rijkmuseum (Amsterdam), de la National Gallery (Londres)ou encore de l’Ermitage à Saint Pétersbourg.
Le paysage – plus qu’un décor, même si le regard, ligne de fuite, part des deux personnages pour se diriger vers les deux obliques opposées allant de l’église au moulin, n’est pas sans emprunter sa manière et codes représentatifs aux esquisses paysagères fines et typiques de Jan Van Goyen, notamment du côté de La Haye, Rotterdam, Delft, Dordrecht, Gouda, que l’on retrouve aussi dans le versant paysager de Rembrandt, son contemporain.
A noter que Van Goyen lui-même, brillant paysagiste, peintre, dessinateur et marchand d’art, figurant dans les plus grandes collections, fut également l’auteur de plusieurs scènes de patinages.
Anti ou plutôt ante-portrait, la construction de cette composition enlevée est véritablement singulière puisque centrée sur le dos des patineurs avant d’ouvrir une perspective panoramique sur le paysage qui traduit : et la situation (Pays-Bas) et l’époque.
Le patinage et jeux sur la glace s’étant développés en Europe depuis la fin du XVes au profit d’une ère glaciaire, d’hivers rigoureux gelant lacs et rivières, canaux et bassins portuaires.
Le patinage et jeux sur la glace s’étant développés en Europe depuis la fin du XVes au profit d’une ère glaciaire, d’hivers rigoureux gelant lacs et rivières, canaux et bassins portuaires.
Ce genre fut particulièrement en vogue au XVIIe siècle, âge d’or de l’art hollandais.
La distribution topographique évoque fortement le site de Leidschendam Voorburg (l’église protestante au bord du canal Vliet et le moulin scierie salamandre).
Une ville aux abords de La Haye et au sud de Scheveningen.
Sobrement traitée à l’encre brune en jouant sur son intensité, cette scène de patinage, si virtuose et vivante, mouvementée et typique, donne à lire toute la grâce de l’âge d’or hollandais.