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Léopold SURVAGE (Moscow 1879 – Paris 1968)
Cubist and surrealist composition, with character, city, fishes, leaves and dove
Original drawing, black ink on paper, signed by the artist and dated from 1958Size : 35 cm x 27 cm (drawing size only) – framed : 47,8 cm x 37,8 cm
Modern gilt frame with Survage plate upon the frame, located at “BL”, initials probably for Beaulieu (sur mer), on French Riviera, workshop stamp at the bottom to the left, and signed by the artist and dated to the right
Sold
Descriptif
Dessin original à l’encre noire sur papier signé par Léopold Survage en bas à droite et daté de 1958 avec deux initiales « B.L » situant le dessin, vraisemblablement à Beaulieu sur mer.
Cette oeuvre réalisée vers la fin de la vie de l’artiste, la même année que « Pax », fresque de 25 mètres par 5m, composition monumentale créée pour la salle des fêtes du Palais des Congrès de Liège, et deux ans avant que ne lui soit décerné le prix Guggenheim, est particulièrement représentative de l’articulation et oscillation permanente de Survage entre les mouvements artistiques du Cubisme et du Surréalisme.
Peintre d’origine russe, né à Moscou sous le nom de Stürzwage, francisé Survage, il s’installe à Paris dès 1908 et bâtira sa carrière artistique en France. Relevant de l’École de Paris, il fut formé à l’Académie Matisse où il ne s’attardera pas, plus influencé par Cézanne, fréquentera Apollinaire, Modigliani et rencontrera de nombreux artistes phares de l’abstraction dont Picasso et Sonia Delaunay. Survage contribuera lui-même notablement à édifier la nouvelle grammaire de la peinture abstraite.
Ce cofondateur, en 1920, de la Section d’Or avec Archipenko et Gleizes, mais aussi Braque, Duchamp ou encore Picabia, qui participera en 1921 à l’exposition « Les Maîtres du Cubisme » à la Galerie de l’Effort moderne, avait d’abord semblé choisir le Cubisme, à la suite de Picasso ou Derain, à travers sa série des « Rythmes colorés » autour de 1914.
Le cubisme de Survage se voulait déjà émancipé, avant de revenir, estimant être allé trop loin, à une forme de figuration, ostensiblement poétique, se jouant encore de la réalité.
Sans cesser d’expérimenter formellement, sémiologiquement, Survage voulut renouer avec cette mythologie grecque si emplie d’Odyssée ; une odyssée humaine, remplie de ports, de pêcheurs, de présences essentiellement féminines, de porteuses et marchandes de poissons. Il s’installera d’abord à Collioure avant d’explorer la Riviera, comme dans cette oeuvre, vraisemblablement située à Beaulieu (initiales BL sous la signature et la date), Survage situant régulièrement ses dessins et aquarelles.
Dans ce dessin réalisé à l’encre noire, de type feutre, le plan de la ville qui entoure le personnage se trouve déconstruit, fragmenté, réminiscence de son obédience cubiste ; tandis que tournoie autour de lui le monde végétal (feuille), animal (aérien et aquatique : poissons et colombe).
Le personnage lui-même, indistinctement genré, domine ville et Nature tout en se résumant au portrait synthétique d’une tête humaine que parachève une main (celle, peut-être, de l’une de ces porteuses, un peu naïades, souvent représentées en cariatides par l’artiste).
La pensée, et sa mise en œuvre continuée par le geste de la main, résument la civilisation humaine. Survage traduit alors l’ambivalence d’un artiste, qui doit à l’abstraction, à la fois concepteur intellectuel et réalisateur manuel. La création réunit ces deux facettes.
La colombe, symbole universel de paix, largement utilisé par Picasso, et qui n’est pas sans évoquer « Pax », s’inclut elle-même dans une bulle en forme de feuille, synecdoque de l’arbre abri de l’oiseau comme la ville figure l’abri de l’homme.
La colombe semble non seulement sommer les immeubles mais les emmener avec elle, faire s’envoler la transfiguration de la ville.
Une ville-port, une ville-monde libérée, idéalisée, émancipatrice, que Le Corbusier qualifierait de radieuse.
En bas de l’œuvre, accentuant l’ancrage portuaire tout autant que la symbolique odysséenne, deux poissons d’une taille démesurée, disposés en quinconces, tels un blason, achèvent les fondations de ce dessin allégorique dans un mouvement ondoyant de vague.
La nature et la culture ne s‘opposent plus, elles forment un tout ; même si c’est sur proposition de l’artiste, ordonnateur démiurgique de l’oeuvre, que la réalité se recompose.
Le monde tel que le pense et le représente Survage est devenu un seul est même plan cosmique où tous les éléments, interdépendants, et presque équivalents, sans rivalité, tendent à ne former qu’un. C’est ainsi que l’art tend à l’Universel.