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MIRÓ Joan
Derrière Le Miroir N°125-126, original and first edition, 1961
Rare book with original color lithographs by Miro and poems by René Char28 x 38 cm
Printed by Maeght
Descriptif
Numéro double de la revue d’art mythique, Derrière Le Miroir, souvent abrégée par son acronyme DLM. Il s’agit du tirage original de 1961, actuellement épuisé chez l’éditeur et galeriste de renommée internationale, MAEGHT, qui accompagna les artistes les plus marquants du XXe siècle.
Le numéro 125-126 fut édité en avril 1961 lors de l'exposition à la Galerie Maeght de 46 peintures de MIRÓ, contemporaines de l’évènement. Le texte « Dansez montagnes » du poète René Char met en mots l’abstraction onirique et colorée du génie espagnol, Joan MIRÓ.
Ce DLM comporte 28 pages non reliées parmi lesquelles 8 reproductions en impression lithographique en couleurs dont 2 en triple page et 3 en double page.
Les deux plats sont illustrés (pleine page) par Miró. L'impression lithographique bénéficie de la qualité d'un papier de création de type Arches/BFK Rives.
Le tirage original de ce numéro particulièrement recherché que nous vous présentons aujourd’hui est habituellement vendu par les Editions MAEGHT au prix de 3.000 euros TTC. Il est toujours référencé sur le site de l’éditeur bien qu'actuellement indisponible.
Ajoutant à la rareté de ce numéro d’exception, notre exemplaire est en parfait état, et bien sûr, complet de toutes ses planches.
Il y a quelques années, La Royal Academy of Arts, à Londres, dans le quartier de Picadilly, consacrait une exposition aux artistes phares promus par le fondateur de la revue et galerie, Aimé Maeght : «Miró, Calder, Giacometti, Braque – Aimé Maeght et ses artistes ». Un mur entier était consacré à un accrochage particulièrement réussi des DLM originaux, signe extérieur muséal supplémentaire de l’importance historique de cette revue artistique majeure.
Biographie
Miró. Mirage du sens programmé par son nom même. Certitude artistique cependant.
(Presque) aussi connu du grand public que Picasso alors même qu’il est, lui, un authentique abstrait.
Peu de peintres du XXe siècle peuvent prétendre à une signature artistique aussi forte et aisément reconnaissable que Joan Miró. Il en va de même d’Aimé Maeght pour le versant « marchand » de l’Art et le travail de promotion artistique que sous-tend la fonction presque évangélisatrice d’un galeriste.
Le nom de Maeght est emblématique de l’art moderne ; il représente une galerie d’art d’avant-garde parmi les plus considérables du Paris de l’Après-guerre; il est tout aussi étroitement associé à la Fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint-Paul dans le Sud de la France, reconnue aujourd’hui d’utilité publique.
Aimé Maeght, qui reçut une formation de lithographe, a toujours considéré ses publications comme l’un de ses plus grands succès. Au point qu’ « il est impossible de dissocier le galeriste de l’éditeur », a-t-il expliqué.
Publier des gravures permet une plus large distribution et plus profonde dissémination – on est tenté de dire infusion - du travail d’un artiste.
Un livre est comme une œuvre d’art. C’est une architecture ; les polices figurent les pierres, le papier la matière, et les illustrations achèvent la décoration de cet édifice.
C’est le fils d’Aimé Maeght qui créa l’imprimerie Arte-Adrien Maeght en 1964.
Les revues et livres illustrés en édition limitée constituaient le support idéal pour Aimé Maeght puisque combinant son amour de l’impression lithographique avec son goût pour la poésie française.
Et Aimé Maeght excellait à faire entrer en résonance un poète avec un artiste ; exemple parfait de cette fusion subtile, les dessins de Braque illustrant les poèmes de Pierre Reverdy dans « La liberté des mers ».
« Adonides » qui concilie un texte de Prévert avec des illustrations de Miró, usant, pour mieux servir la lumière et inventivité du verbe de ce dernier, d’une diversité de ressources graphiques, en constitue peut-être le point d’orgue.
Dans ce travail de lithographie, les Maeght accompagnait leurs artistes afin de les aider à définir les techniques les plus idoines à faire ressortir leurs qualités intrinsèques : l’élégance et subtilité de la palette d’un Braque ; la ligne ascétique de l’imagerie fantomatique d’un Giacometti ; le goût de Calder, ami de Miró, pour les aplats de couleurs prenant forme en suspension ; la force du geste d’un Miró qui pouvait s’exprimer dans des lithographies monumentales mobilisant des planches spécialement conçues pour lui.
La revue Derrière le Miroir est l’accomplissement de cette recherche.
De Chagall à Tapiès en passant par Fernand Léger et Kandinsky, chaque numéro incluait des essais d’écrivains et théoriciens importants, et comportait, à l’instar d’un catalogue d’exposition, sur la première et quatrième de couverture une lithographie de l’artiste exposé (ou majeur, s’agissant d’une exposition plurielle).
Galeriste et éditeur exceptionnel, ami de Bonnard et de Matisse, Aimé Maeght, (1906-1981), ouvrit sa galerie éponyme à la fin de 1945, à Paris, un an après la libération de la Capitale.
Après les sombres années d’occupation allemande et un climat d’après-guerre plein d’incertitudes pesant sur la ville, la Galerie Maeght milita pour un renouvellement artistique.
Le vernissage inaugural en décembre 1945 fut dédié à Matisse et fut suivi par d’innovantes expositions thématiques dont « Le noir est une couleur », 1946-1947, L’Exposition internationale du Surréalisme en 1947, et, en 1947, 1951 et 1958, une série d’expositions de peintures de grands formats intitulées « Sur quatre murs », comme des expositions mongraphiques.
La Galerie Maeght, qui est toujours établie à Paris, a présenté un large spectre d’artistes à travers les époques mais quatre furent véritablement au cœur de l’histoire de Maeght ; des figures majeures du XXes avec qui la famille Maeght a tissé des liens privilégiés et joué un rôle essentiel et créatif dans leur carrière : Georges Braque (1882 – 1963), Joan MIRO (1893 – 1983), Alexander Calder (1898 – 1976) et Alberto Giacometti (1901 – 1966).
L’une des forces du galeriste Aimé Maeght fut d’encourager ses artistes à travailler sur différents supports. Il était particulièrement fier de ses productions graphiques, revues littéraires, et éditions limitées de livres d’artistes qui distinguaient notamment la galerie de ses concurrentes.
Les Maeght avait des racines dans le Sud de la France. En 1964, ils concrétisent le fruit de leur vision artistique en ouvrant la Fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint-Paul, près de Nice.
Miró fut donc au cœur du travail de promotion de la galerie Maeght.
Artiste catalan avant de sentir espagnol, il ressentit néanmoins très vite le besoin d’élargir son champ de vision.
Marqué par le travail de coloriste du fauvisme et intéressé par les formes géométriques du cubisme (essais cubistes de Miró à travers des nus), les premiers séjours de Miró à Paris le délivrent tout d'abord des « ismes ».
De retour dans la ferme familiale de Montroig, il peint une œuvre clé « La ferme ».
Lorsqu’il retourne à Paris, c’est pour se laisser séduire toutefois par un autre « isme/iste », l’univers insolite et poétique des surréalistes. Une rencontre décisive avec un mouvement qu’il va doter d’un langage pictural très personnel, inimitable, fabuleusement graphique.
Miró exposa pour la première fois à la Galerie Maeght en 1947, année de l’Exposition internationale du surréalisme.
L’une de ses expositions parmi les plus atypiques fut « Superstition », un long serpent de toile décoré de motifs hiéroglyphiques, que l’artiste porta à la soirée d’ouverture.
Dans « Joie d’une fillette devant le soleil », le blanc – couleur ici contrapuntique - en écheveaux délicats suggère le cosmos tandis que la calligraphie révèle l’attitude de la fillette captivée par le soleil.
Les titres très poétiques de Miró ne programment pas une œuvre au sens où ils ne viennent pas avant l’œuvre mais s’imposent à l’esprit de l’artiste pendant sa création. « Quand j’ai trouvé le titre, je vis dans son atmosphère… pour moi le titre figure une réalité exacte ».
Maeght a consacré de nombreuses expositions à Miró et l’a encouragé à travailler sur différents supports, comme la sculpture, la gravure et la céramique.
Dans les années 40, Miró a commencé à travailler avec le maître potier catalan Artigas (1892-1980). Il utilise alors les hasards de la cuisson pour jouer sur les textures et les couleurs ; dans ses peintures qui valorisent (comme l’ensemble du mouvement surréaliste) l’accidentel, le surgissement, le jaillissement, ce travail d’incision du motif inspiré par le folklore catalan et des formes qui ont leur source dans la nature, se retrouve puissamment exploité.
Un plaisir pour des sens fédérés : la vue, le toucher, la cognition.
Catalogue de l’exposition à la Royal Academy of Arts « Miró, Calder, Giacometti et Braque. Aimé Maeght ans his artists » (4 octobre 2008 – 2 janvier 2009). (Source principale).
Traduction originale de l’anglais librement adaptée et enrichie.